2 Avril 2018
LECTIONS MUNICIPALES 2020 28/03/2018
© Flickr-CC-JL.Zimmermann
Le Sénat ne veut pas entendre parler de scrutin direct pour les élus métropolitains qui succéderait au fléchage dans les 22 métropoles de l’Hexagone à l’occasion des élections municipales 2020, comme le prévoit à ce jour la loi Maptam. La Haute assemblée a voté en commission des lois le 28 mars la suppression de ce scrutin direct métropolitain dont les contours n'étaient pas même encore définis...
A ce jour, l’article 54 de la loi Maptam enjoint au législateur de revoir ce mode de scrutin avant le 1er janvier 2019, notamment pour permettre l’élection directe des conseillers métropolitains et supprimer leur ancrage communal. Le sujet s’était avéré suffisamment polémique pour que le précédent exécutif ne parvienne pas à dégager de consensus sur le sujet ces trois dernières années, et reporte au 1er janvier 2019 via la loi du 28 février 2017 sur le statut de Paris et l’aménagement métropolitain ce rapport initialement prévu… au 1er janvier 2017.
A ce jour, les conseillers métropolitains sont désignés à l’occasion des élections municipales, soit par le système du « fléchage » (communes de 1 000 habitants et plus), soit selon l’ordre du tableau du conseil municipal (communes de moins de 1 000 hab.), « permettant aux communes d’être représentées au conseil de la métropole », approuve la commission des lois du Sénat.
Début 2017, le ministre de l’Aménagement du territoire d’alors, Jean-Michel Baylet, avait saisi le Conseil d’Etat pour lever les incertitudes juridiques et constitutionnelles entourant les modalités pratiques des trois modes de scrutin direct jusqu’ici privilégiés pour se substituer au fléchage :
Reste que les sénateurs souhaitent pour 2020 et même au-delà « conserver l’ancrage communal des délégués communautaires pour qu’ils demeurent les représentants des conseils municipaux dans toutes les intercommunalités, des communautés de communes aux métropoles ». Et proposent en conséquence l’abrogation de l’article 54 de la loi Maptam, invoquant deux « risques » que ferait courir le scrutin universel direct dans une circonscription métropolitaine unique, selon le sénateur (LR) de la Manche Philippe bas : « la transformation des métropoles en collectivités territoriales, ce qui aggraverait le millefeuille territorial ; et la mort des communes, qui constituent pourtant la cellule de base de la démocratie comme le soulignait Alexis de Tocqueville au XIXème siècle ».
Rapporteur du texte, la sénatrice (LR) de Seine-Maritime Agnès Canayer y ajoute un argument d’actualité : « Le législateur doit aussi respecter la volonté des élus locaux de faire une pause dans les réformes de structure et de privilégier des mesures concrètes allant dans le sens de la simplification », ajoute celle qui est également conseillère municipale du Havre… et conseillère à la communauté d’agglo, la « Codah ».
Nul doute que les élus urbains tenants d’une plus grande intégration métropolitaine et d’une avancée démocratique de l’interco scruteront de près la réaction du gouvernement.
Reste que depuis les dernières municipales de 2014, les associations d’élus qui portent la voix et la cause intercommunale ont mis au second plan la revendication d’un scrutin plus démocratique – et dans leur esprit direct – dans l’échelle dans leurs revendications. L’ADCF n’en fait plus une revendication prioritaire de son agenda politique. Et de son côté, France urbaine compte en son sein autant de farouches partisans d’un scrutin direct, à l’image du patron de Grenoble Alpes-Métropole Christophe Ferrari, que de président de métropoles sceptiques ou qui a minima préfèrent porter le fer sur d’autres sujets d’intérêt métropolitain avec l’exécutif comme avec le Parlement.
Article paru dans le Courrier des Maires