15 Juin 2016
PAR RACHIDA EL AZZOUZI, CHRISTOPHE GUEUGNEAU ET MATHILDE GOANEC
ARTICLE PUBLIÉ LE MERCREDI 15 JUIN 2016 de MÉDIAPART
Mardi 14 juin, à Paris. © Reuters
Contrairement au discours du gouvernement sur
l'essoufflement du mouvement social, la manifestation
du mardi 14 juin n'a pas été le baroud d’honneur
d’une CGT marginalisée. C’est au contraire la plus
forte mobilisation depuis le début du mouvement. Le
devenir de la loi El Khomri se repose avec acuité.
Vu du ciel, le pari est largement gagné. Un cortège
serré et bruyant a traversé Paris de la place d’Italie
aux Invalides mardi, rassemblant des centaines de
milliers de personnes pour cette première journée de
manifestation nationale depuis le début du mouvement
contre la loi El Khomri. Selon les syndicats FO, CGT
et Solidaires, plus d’un million de personnes ont défilé
dans la capitale (1,3 million dans toute la France),
alors que la préfecture de police de Paris a dénombré
75 000 personnes. Quelle que soit l’échelle retenue,
c'est beaucoup plus que lors des grosses journées des
9 et 31 mars derniers.
Au ras du sol, tout dépend de l’optique choisie. Le
gouvernement n’a pas tergiversé, insistant longuement
sur les vitrines endommagées ou taguées tout au long
du boulevard Montparnasse, les abris de bus défoncés,
et les affrontements entre les forces de police et le
gros cortège autonome en tête (nous y revenons page
suivante). Plusieurs policiers et manifestants ont été
blessés. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve
a même, à ce propos, allègrement mélangé les genres
en appelant « tous ceux qui sont dans la violence à
retrouver un peu d'humanité, de tolérance, en respect
de ce petit enfant auquel nous nous devons de donner
une image digne de la France » en référence au double
meurtre de policiers dans la nuit revendiqué par l’État
islamique.
Le cortège n’en était pas moins, pour une très large
part, calme et bon enfant, concentré sur le retrait de la
loi sur le travail, dont le texte est arrivé lundi 13 juin
au Sénat. Partis à 13 heures de la place d’Italie, une
partie des manifestants n’étaient pas encore arrivés à
Invalides à 19 heures. « C’est énorme, j’ai rarement
vu ça », assure David, cheminot venu de Bordeaux.
Le fait que le gouvernement ait lâché du lest sur
la convention relative au statut de sa profession
n’entame pas sa détermination. « On peut dire ce
que l’on veut, mais nous sommes dans le mouvement
depuis le mois de mars. Et même si on a obtenu une
convention collective de haut niveau, on sait bien que
la loi El Khomri peut signifier pour nous aussi la
régression sociale. »
David a fait le déplacement à Paris et il n’est pas le
seul. Les portuaires et dockers du Havre électrisent le
parcours avec leurs tambours, un Breton fend la foule
avec son drapeau noir et blanc et une pancarte agrafée
à son sac à dos : « Cazeneuve à Rennes, ni oubli ni
pardon » (voir à ce sujet l’article de Karl Laske). Sur
un camion, une jeune femme crie : « On ne s’est pas
levé à une heure du matin pour rien ! On est à Paris,
retrait de la loi travail ! »
Les délégations régionales ou départementales,
arrivées en bus ou en train, expliquent la forte
mobilisation du jour. Beaucoup de militants, surtout
CGT, racontent que leur dernier déplacement dans la
capitale remonte à 2010, à l’occasion du mouvement
contre la réforme des retraites. Derrière la banderole
CGT-Roanne, ils sont 200, explique Franck. « On est
là et bien là. Cela fait trois mois que le gouvernement
dit que le mouvement s'essouffle, mais c’est de
l’enfumage. » Noël, syndiqué FO venu d’Aveyron,
est parti à 3 h 30 du matin pour monter dans un car
puis un train. « Je suis saisonnier, et ne travaille que
9 mois par an, mais je fais quand même 27 heures
supplémentaires par mois. Pour le moment, elles sont
majorées à 25 %, mais si on m’enlève ça, je serai
encore plus précaire qu’aujourd’hui. »
Manifestation contre la loi sur le travail, le 14 juin 2016.
Chacun sa vision du mouvement : bataille pour des
acquis ou combat pour la survie. Pierre l’avoue bien
volontiers : « À dix ans de la retraite, je me bats pour
mes enfants, et pour conserver quelques protections.
»« Petit cadre » dans la filiale d’un grand groupe
oeuvrant dans le domaine de la défense, il n’est pas
syndiqué, est monté dans un bus CGT grâce à un
copain, expérimente pour la première fois de sa vie une
manifestation parisienne. « Ici, c’est anonyme, je peux
me permettre. Chez moi, vu ma boîte, et même si je suis
civil, ce n’est pas possible. »
Guillaume Brante, délégué syndical CGT pour le site
Haribo d’Uzès, distribue à tout-va des tracts appelant
à signer la pétition contre la délocalisation de la ligne
chamallows en Belgique, ainsi que des sachets de
bonbons multicolores. « FO et la CFE ont lancé
une consultation sur le plan de compétitivité que la
société nous propose, et qui prévoit quand même 110
suppressions de postes alors que notre entreprise ne
s’est jamais aussi bien portée. Il a été approuvé à 63 %
grâce au chantage à l’emploi. Pour le moment, la CGT
est majoritaire, donc on peut quand même refuser
l’accord mais si la loi El Khomri passe, c’est fini. Pour
nous, c’est très concret ce qui se passe aujourd’hui. »
Guillaume Brante, délégé CGT chez Haribo. © MG
Révision de la majoration des heures supplémentaires,
possibilité d’accords offensifs sur l’emploi,
réforme du licenciement économique, possibilité
de référendum, les raisons de la grogne sont
toujours aussi nombreuses. Des inspecteurs du travail,
présents dans le cortège, pointent le risque d’une «
focalisation sur l’article 2 », au coeur des tractations
depuis l’arrivée du texte au parlement. « C’est
un piège, souligne Yacin, qui travaille en Ile-de-
France. Certains tentent de dire que si cet article
est réécrit, le texte devient acceptable, mais pour
ceux qui pratiquent le droit du travail tous les jours,
il est évident qu’une série d’autres articles posent
problème. »
« Ce serait quand même une sacrée victoire », note
de son côté Fernand Gonzalez, ancien membre de
la fédération métallurgie où oeuvrait anciennement
Philippe Martinez, et actuellement au bureau de
l’Union départementale CGT du Lot-et-Garonne. «
Mais faut pas se faire de cinéma, les enseignants sont
bientôt en vacances, il va falloir tenir pendant l’été,
c’est assez inédit. »
Dans le carré de tête, les leaders syndicaux sont
assez réticents à dévoiler leur jeu, et l’étendue de
la négociation à l’oeuvre avec la ministre du travail,
sous l’ombre portée de Matignon et de l’Élysée. Pour
Philippe Martinez, l'objectif de la CGT « n'est pas
simplement de supprimer l'article 2 de la loi, c'est
toute la colonne vertébrale du texte qui est à revoir
». La CGT doit rencontrer le gouvernement vendredi.
Mais le syndicat a déjà prévu deux nouvelles dates de
manifestations, « au cas où », les 23 et 28 juin.
Le carré de tête syndical.
À deux pas, Jean-Claude Mailly, secrétaire général
de Force ouvrière, appelle lui aussi à poursuivre le
mouvement même s’il a rencontré vendredi la ministre
du travail Myriam El Khomri, et l'a trouvée « attentive
» à ses propositions.« Est-ce une amorce ou est-ce de
la com' ? Je crois qu'elle a compris que tout le monde
peut sortir par le haut de ce dossier. » FO est-elle
donc prête à négocier, et à cesser le mouvement contre
une réécriture de l'article 2 de la loi ? Éric Beynel,
chez Solidaires, assure de son côté qu’il n’y a pas de
« hiatus » dans le front syndical : « L’intersyndicale
reste soudée, la journée d’aujourd’hui est très belle
et le mot d’ordre reste le retrait. Après, chacun sa
stratégie. »
En tête, présence massive des autonomes
Loin des tractations de coulisses, et tout à l’avant,
dans ce qu’il convient d’appeler la tête du cortège,
la manifestation a également fait le plein. Selon un
bon connaisseur de ce type de manifestations, c’est
sans doute « l’une des plus grosses manifestations
d’autonomes de ces trente dernières années ». Ce
qui est sûr, c’est que le nombre de personnes portant
coupe-vent, capuche noir et lunettes de soleil ou
masque de plongée a atteint un niveau jamais observé
ces trois derniers mois. Les deux heures suivantes,
jusqu’à l’arrivée place des Invalides, ne sera qu’un
lent piétinement, alternant charges, lacrymogènes,
jets de pierre, vitrines brisées et tags sur les murs,
ce qui ralentit tout le reste du cortège et lui
donne son rythme. Les 300 « casseurs » infiltrés
que dénonce régulièrement le ministre de l’intérieur
Bernard Cazeneuve sont aujourd’hui au moins 1.000.
En tête du cortège autonome, mardi 14 juin.
Avant même que la manifestation ne s’ébranle, la
foule stationnée était déjà repoussée à plus de 200
mètres de la place d’Italie, au niveau de la station
de métro Gobelins, boulevard du Port Royal. Comme
chaque fois, la banderole « Soyons ingouvernables »
servait de point de ralliement. Et comme chaque fois,
des syndicalistes, comme des cheminots CGT ou des
militants à SUD étaient parmi la foule. On dénombrait
également les Jeunes écologistes, ou encore la CNT et
Alternative libertaire. Un phénix de carton monté sur
un caddie était « rené » de ses cendres, après avoir été
brûlé lors de la manifestation du 1er Mai.
L’ambiance est motivée, les chants variés. Le cortège
s’est élancé peu après 13 heures. La fête ne sera que de
courte durée. Si la présence policière est plutôt discrète
au début, à chaque croisement, les forces de l’ordre qui
sont là pour empêcher la manifestation de dévier de
sa trajectoire sont l’objet de jets de pierre, de pétards,
voire de feux d’artifice. Très vite, la police, aidée de
la gendarmerie, réplique. Le cortège est stoppé dès 14
heures.
Des gendarmes bloquent l'avancée du cortège. © CG
On entend parler allemand, italien, sous les cagoules,
quand d'autres slogans revendiquent l’appartenance
à une région comme Toulouse, Clermont-Ferrand
– apparemment en force –, ou encore Rennes
et Nantes. Comme les fois précédentes, il n’y a
absolument aucune désolidarisation dans ce cortège
de tête. Quand les visages masqués entament un « Et
tout le monde déteste la police !», l’ensemble des
personnes présentes reprennent en choeur. La violence
du gouvernement et de ses policiers depuis le début du
conflit social a vraisemblablement marqué les esprits.
Philippe et Pascale, masques sur le visage, ont marché
vite. Sans s’en rendre compte. Les voilà dans le
quartier Duroc, boulevard du Montparnasse, « dans le
merdier », à quelques dizaines de mètres du face-àface
entre les CRS et les autonomes sous les nuages
de lacrymogènes. Le cortège ne peut plus avancer.
Les yeux piquent, la colère aussi. « Le gouvernement
a gagné. Voilà la CGT assimilée aux casseurs. Les
images vont tourner en boucle. Uniquement cellesci,
pas les manifestants pacifiques qui revendiquent le
retrait de la loi El Khomri pour de justes raisons »,
s’énerve Philippe.
Philippe a 58 ans, plus de 25 ans d’ancienneté dans
un grand groupe dont il préfère taire le nom et un
salaire qui dépasse à peine le Smic, 1.450 euros net.
Il est ouvrier, venu de Rennes, une ville rompue aux
violences policières depuis le début du mouvement
contre la réforme du code du travail. Il a fait toutes les
manifestations, sept jours de grève, soit plus de 500
euros en moins. « Mais cela vaut le coup de se battre ;
je le fais pour les jeunes car moi, j’aurai une petite
retraite mais vous, vous n’aurez rien », lance-t-il en
nous prenant à partie.
Syndicaliste depuis une quinzaine d’années à la CGT
– un coup d’arrêt à sa carrière, selon lui –, Philippe dit
que « le problème, c’est l’Europe qui nous gouverne et
qui fait que les patrons nous voient comme des charges
et non comme des plus-values ».
Invalides, mardi 14 juin 2016. © Rachida El Azzouzi
Tandis que le cortège reprend sa marche pour quelques
minutes de répit avant une nouvelle charge des CRS
qui fera reculer la foule en l’arrosant de gaz, il
raconte qu’il vote Front national, que « ce n’est pas
incompatible avec son engagement syndical à la CGT
». « On peut être catho et à la CGT, pourquoi ne
serait-on pas au FN et à la CGT ? » renchérit sa
compagne Pascale, elle aussi encartée à la CGT. «
Marine Le Pen n’aurait jamais fait une telle réforme.
Avec elle, il n’y aurait pas eu cet article 2 sur
l’inversion de la hiérarchie des normes », jure-telle.
Le couple, des déçus du « socialisme », vote
extrême droite depuis une dizaine d’années, « pas par
adhésion mais par colère ». « On n’est pas d’accord
avec tout ce que dit le FN mais tout de même, il
dit des vérités sur l’Europe, l’assistanat », appuie
Philippe. Au travail, il est complètement « démotivé »:
« Les salaires n’augmentent pas. Un jeune qui rentre
gagne quasiment autant que moi au bout de 25 ans
d’ancienneté. »
Non loin de là, une colère, physique celle-ci,
s’exprime. Le long du boulevard du Montparnasse,
les vitrines de banques, d’agences immobilières, des
magasins de luxe ou même des chaînes de fast-food
sont systématiquement attaqués. Au croisement avec
le boulevard Raspail, un homme s’écroule, touché au
dos vraisemblablement par une grenade non explosée.
Selon L’Obs, qui a recueilli un témoignage de
photographe présent au moment des faits, l’homme
d’une quarantaine d’années « s'est pris une grosse
bombe lacrymo dans le dos, une grosse bombe grise.
(…) Il était debout au milieu de la rue, seul, quand
les forces de l'ordre ont tiré. L'homme est tombé au
sol, sur le ventre, inanimé. (…) La bombe lacrymo
était enfoncée dans son dos, elle a fait un trou de 5
centimètres de diamètre ». Toujours selon ce témoin,
la bombe « a continué à se consumer et à faire de la
fumée, elle a fait fondre son t-shirt ». L’homme a été
évacué par les pompiers. Rien n’avait filtré sur son état
en début de soirée.
Un arrêt de bus ravagé sur le parcours. © CG
Trois jeunes cagoulés s’immiscent dans le Starbuck
aux vitrines explosées et ressortent avec des mugs aux
couleurs de l’enseigne américaine. Un vieux routier
des luttes de la CGT, descendu du Pas-de-Calais,
les interpelle : « Vous n’avez pas honte ? Vous êtes
venus pour ça ? Nous, on est là pour défendre le
code du travail ! » Il n’a pas le temps de finir qu’il
doit se réfugier derrière la porte cochère d’un bel
immeuble haussmannien. Nouvelle charge violente
des CRS qui fait remonter la foule. Il ne s’y était pas
préparé et manque de s’écrouler. Dans le hall, une
dame en tailleur filtre les entrées et ne laisse passer que
« les manifestants qui lui inspirent confiance ». Elle
annonce une mauvaise nouvelle à un homme d’une
cinquantaine d’années en chemise blanche et pantalon
noir : « Ils ont brisé la vitrine de ton commerce !
» Il veut sortir, elle le lui déconseille, « c’est trop
dangereux ».
Dehors, des explosions se font entendre. Des grenades.
Une dame, d’une cinquantaine d’années, commissaire
aux comptes qui connaît bien le monde de l’entreprise,
se dit « atterrée devant tant de violences »,
dénonce « une CGT radicalisée, arc-boutée sur des
privilèges d’un autre temps ». Elle allait chercher
des médicaments quand elle s’est retrouvée au milieu
des manifestants. Un débat s’instaure dans le hall
d’immeuble entre pro et opposants de la loi El Khomri
et c’est le commerçant qui a le dernier mot : « Ce pays
est impossible à réformer », avant de braver la foule et
les gaz pour rejoindre sa boutique aux vitres brisées et
appeler son assurance.
Quelques mètres plus loin, c’est un autre hall
d’immeuble qui est rempli de manifestants. Ici,
personne ne filtre les entrées, les portes sont grandes
ouvertes. Des “street medics” y soignent des blessés,
un journaliste, une étudiante. D’autres s’échangent du
sérum physiologique, des gouttes d’huiles essentielles,
des masques d’hôpital. Une brune, la cinquantaine, se
réjouit devant tant de solidarité : « Ça me rappelle Mai
68. »
Un manifestant harangue les CRS près de l'hôpital Necker.
La grande affaire de la journée sera sans doute les
vitrines brisées d’un bâtiment de l’hôpital Necker,
situé sur le parcours de la manifestation. Des
manifestants cagoulés ont mis des coups de marteau
dans certaines baies vitrées, un tag a été rajouté,
indiquant « Ne travaillez jamais ». Il n’en a pas
fallu plus pour que la classe politique réagisse et que
l’AP-HP annonce déposer plainte. Sur les réseaux
sociaux, certains tentent un rapprochement saugrenu,
expliquant que l’enfant du couple policier tué dans la
nuit par un terroriste en banlieue y était soigné (ce qui
n'à pas été confirmé par l'hôpital Necker).
L’arrivée place des Invalides, destination finale de
la manifestation, se passe sans heurts dès lors que
les policiers se sont retirés de quelques centaines
de mètres. Des gens s’assoient sur les pelouses,
d’autres appellent leurs amis dispersés dans la foule.
Le répit n’est que de courte durée. Alors que quelques
policiers casqués sont pris à partie, d’autres se
déploient, un camion lance-eau en appui. Des grenades
lacrymogènes volent sur la foule éparpillée, alors
même qu’une large partie du cortège n’est pas encore
arrivée. Un groupe de cégétistes, venu de Toulon,
panique, ne sachant plus comment quitter la place.
Place des Invalides, un canon à eau fait son entrée. © CG
Les minutes passent sans que la situation ne
s’améliore. Aux jets de grenades lacrymogènes et
autres grenades assourdissantes répondent des jets de
pierre et des slogans contre la police. Un photographe
quitte en boîtant un des affrontements. Des “streetmedics”
portent un homme qui vient de prendre un
tir de LBD (nouveau Flash-Ball) dans l’abdomen.
Un deuxième camion lance-eau arrive sur la place,
déversant la moitié de son contenu.
Une brèche s’ouvre vers les quais, des manifestants
s’y engouffrent et gagnent le pont des Invalides avant
que les policiers ne changent d’avis et nassent ce qu’il
reste de manifestants. Des « Libérez nos camarades
» retentissent cependant qu’une partie de ceux qui ont
pu sortir lancent des appels à marcher vers les ChampsÉlysées,
ou vers l’Élysée, ou vers le Sénat. En fait,
personne ne sait vraiment où aller. Les groupes se
disloquent peu à peu. Des syndicalistes de la CGT ou
de SUD regagnent leurs cars qui se trouvaient de ce
côté de la Seine. Vers 19 heures, il ne restait plus grand
monde dans le quartier.